Ainsi donc, le roi était au courant ? Quelle pitié… Oh bien sûr Ares savait que, contrairement à son prince, son souverain était loin d’être un idiot. Cependant, l’homme avait espéré un délai un peu plus long avant que celui-ci n’apprenne l’existence des Léthés. Il ne savait toujours pas comment utiliser le don d’Arya et n’avait pas le temps d’établir le moindre plan, avec sa fonction de général. Tout s’enchaînait un peu trop vite à son goût, le seul point positif était que cela pouvait également lui permettre de comprendre un peu mieux ce qu’était Arya. Pour le Styx, la compréhension avait toujours été une chose vitale : connais ton ennemi encore mieux que tu ne te connais toi-même… Cela valait également pour les alliés. On devait pouvoir prévoir lorsque nos amis allaient décider de nous trahir, sinon l’on se retrouve bien vite avec un couteau entre les omoplates sans rien y comprendre.

L’homme avait besoin de remettre de l’ordre dans ses pensées, il savait qu’à cette heure ci peu de soldats s’entraînaient encore et sa qualité de général l’autorisait à virer les quelques irréductibles. A moins qu’ils ne lui servent d’adversaire ?
Quoi qu’il en soit, il eut vite fait de rallier la salle d’entraînement ; Les couloirs ne lui firent pas rencontrer âme qui vive, les seules choses à accompagner sa marches furent les ombres sur les murs. Ares n’avait jamais su dire si une ombre était amie ou ennemie, parfois il aimait à se considérer comme l’une d’entre elle-même s’il ne s’agissait là que d’une pensée puérile et adolescente, chose qu’il ne pouvait se permettre d’être.

La porte qu’il ouvre, un bruit de pas et… la collision. Il sentit quelque chose le heurter de pleins fouets et par réflexe, avait fermement planté ses jambes dans le sol. Il ne vacilla qu’à peine alors que son regard flambait de rage.
Feu et glace, feu pour ces yeux fous et assoiffés de violence, glace pour ce corps qui n’esquissait pas le moindre mouvement. Il regarda le fautif, une jeune hoplite qu’il ne connaissait pas le moins du monde –et en cet instant elle avait bien de la chance de ne pas faire partie de sa division-.
Hé bien, devait-il se défouler sur elle ou bien juste la laisser passer son chemin ? non, un Demos aurait été bien lus adapté pour sa soif de sang, mais à ne torturer que des rpoies attachées on en oublie comment se battre.
Voilà pourquoi il était venu ici : pour affronter son ombre. Là où personne ne regarderait parce que ce combat là, Ares ne faisait que le perdre…

Connais ta place et connais ton rang, soldat… La prochaine fois je t’arrache la tête. Un Styx n’a pas à se conduire comme un animal…

Dit l’homme qui n’était rien d’autre qu’un tigre dans les fourrés, dit le prédateur sans âme et sans sentiment, dit le plus animal de tous…

Donne moi ton général de brigade.

Il ne songeait pas vraiment à rapporter le comportement de la jeune femme, il voulait juste savoir quel incapable avait une telle chose dans ses rangs. Lui-même ne permettait pas cela à ses soldats, une telle conduite…
Même pour un Styx, on le trouvait parfois trop dur dans la manière de diriger ses troupes. Il est vrai qu’Ares était exigeant et ce choix exigeait plusieurs sacrifices comme le fait de ne pas inspirer du respect aux Hoplites, mais pour le moment cela lui importait peu. Pour le moment, car cœur aride est en douleur de trop de sentiments…

Sans douceur, il écarta Odium de son chemin. Elle n’existait pas, elle n’était qu’un élément gênant dans son univers qui, si elle continuait ici, finirait la tête encastrée dans le mur. Voilà tout…