Son histoire est loin d'être un conte de fée, et pourtant il a toujours voulu croire au bonheur.

Kane est né dans une famille assez croyante. Ce côté particulier de sa famille ne lui a jamais posé problème, au contraire. Enjoué, le petit garçon faisait le bonheur de ses deux parents. Si rien ne semblait pouvoir détruire ce petit havre de paix que les Spencer avaient trouvé, l’avenir n’était pourtant pas assuré. En effet, alors qu’il n’avait que 11 ans, le jeune Lawrence fut bien surpris de ne jamais voir rentrer son père. Pour lui, cet homme était un héros, comme ceux qu’il regardait à la télé. Mais voilà… Si son paternel était effectivement quelqu’un de très courageux, il n’était pas infaillible. Alors que le garçonnet attendait sagement derrière la porte, ses soldats et autres héros en cape dans les mains, rien ne se produisit. Son père ne revint jamais. La seule personne qui traversa l’entrée de la petite maisonnée fut l’un des amis de Spencer senior. Un collègue d’armée. Un camarade. James Spencer ne rentrerait plus jamais à la maison, car il venait de mourir pour son pays. Il était mort en héros et reposait à présent aux côtés de Dieu. On lui avait déjà bien expliqué ce que cela signifiait, lorsque les gens montaient « là-haut », à côté de « l’être qui voit tout » comme Kane s’amusait à l’appeler.

Ce jour là, tout changeait. En entendant sa mère s’effondrer en larmes dans les bras de cet officier, il lâchait ses jouets sur le sol, et se dirigeait en courant vers le fameux bureau dans lequel ils avaient tellement passé de temps ensemble, lui et son père. Ne comprenant pas pourquoi il était parti si tôt rejoindre le Divin, Kane se mit à grimper sur le fauteuil pour tout envoyer sur le sol. Sa confiance et croyance en Dieu venaient d’être considérablement ébranlées, il ne pouvait pas lui avoir fait ça. Le lui enlever. Le leur enlever.

Le jeune Spencer eut beaucoup de mal à accepter la mort de son cher paternel. Néanmoins, son adolescence se passa sans réels encombres, il savait ce qu’il ferait de sa vie, il voulait le rendre fier, ce père qu’il n’avait plus. Sa mère, elle, avait fini par se remettre avec quelqu’un, même si au début, les choses ne furent pas aisées. Pour son fils, comme pour elle. Au fond, Mrs Spencer craignait que son garçon ne subisse le même sort que son modèle. Bien sûr, elle comprenait cette envie de prendre la relève. Lorsqu’il eut d’ailleurs l’âge de s’engager, elle ne le retint pas. C’était son choix à lui, et elle savait combien tout cela était important, mais elle ne pouvait s’empêcher d’être… Une mère. Et une mère s’inquiétait chaque jour que Dieu faisait.

Les années passèrent. Kane était satisfait de son entrée dans l’armée, et il s’y plaisait, c’était tout pour lui. Il commençait même à renouer avec le Divin, mais ce n’était pas encore l’amour fou ou encore la confiance aveugle, comme autrefois. La satisfaction atteignit son comble lorsqu’il eut enfin le grade de Major à l’âge de 28 ans. C’était un bien jeune Major même. Le jeune homme croyait à nouveau en un bonheur presque inébranlable, et la joie qui se lisait sur son visage quand il l’annonçait à sa mère eut de quoi la rendre profondément heureuse et fière de lui. Les choses auraient pu s’arrêter ainsi. Et si seulement c’était le cas… Malheureusement, un bonheur n’arrivait jamais seul, et il arrivait souvent de voir la balance pencher dans l’autre sens. Quelques jours à peine après son passage de grade, il était envoyé en Irak, avec les autres. Fils unique, sa mère se mit à nouveau à angoisser, ayant un mauvais pressentiment vis-à-vis de cette « guerre ». Cependant, voulant croire en son fils, elle ne lui dit rien, et de toute manière, il n’avait pas vraiment le choix, il ne pouvait pas refuser. Et finalement, ce qui devait arriver arriva…

Tout se passait relativement bien, la chaleur était rarement supportable mais les militaires ne s’en plaignaient pas. Kane était dans une équipe qui devait souvent effectuer des allés retours entre la ville et le campement où leur base était située. La plupart du temps, ils aidaient les habitants comme ils pouvaient, mais ce jour là, c’était sans compter sur une attaque inattendue. Alors qu’ils faisaient le relais pour la énième fois de la journée, ils n’eurent pas le temps de voir les choses venir. Il suffit d’une explosion pour envoyer voler le camion et tous ses occupants. Inutile de dire que la détonation fut ce qui les surprit en premier. Si les militaires Américains se méfiaient, ils n’avaient pourtant pas vu venir cette attaque, et c’était bien dommage… La seule chose dont se souvint Kane, sur le coup, fut une atroce douleur en provenance du bas de son dos. Puis tout devint noir.

Le jeune homme se réveillait une bonne demi-heure plus tard, ils se trouvaient toujours en plein soleil. La carcasse encore fumante du camion s’étendait juste devant lui. Il se trouvait à l’avant lors de l’attaque. A moins d’avoir été éjecté, on l’avait sorti de là. Néanmoins, il ne perdit pas de temps à s’étaler sur les détails tant la douleur était vive et insupportable. Dans son champ de vision venait se poster l’un de ses camarades dont le sang dégoulinait sur son visage. Celui-ci semblait encore bien vif. Il balbutia plusieurs paroles, mais la seule chose que fut capable de répondre le jeune Spencer fut un simple : « Je ne bouge plus mes orteils… ».


De retour en Amérique, la vérité éclatait au visage de l’ancien militaire. Sa mère, accablée par la nouvelle, avait accouru à son chevet, mais même sa visite n’eut aucun effet sur le Major qui se laissait déjà dépérir. Ce qu’il s’était passé là bas ? Lors de l’explosion, une des barres en métal qui ornait le camion militaire n’a pas supporté le choc, et est venue directement heurter la colonne vertébrale du jeune homme, de plein fouet. Les médecins n’avaient rien pu faire, Kane avait perdu définitivement l’usage de ses jambes. Si tout le monde s’empressait de lui dire qu’il était un héros ou exemple pour eux, Kane ne voulait pas les croire, il ne le pouvait tout simplement pas. Il disait qu’il aurait préféré mourir que de terminer ses jours comme ça, assis indéfiniment dans un fauteuil dont il ne voulait même pas. Et mourir, pour le coup, il le voulait vraiment. C’est pourquoi il se laissait lentement dépérir, si bien que les médecins ne purent le laisser sortir, même face aux supplications de sa mère, qui refusait de voir son fils unique se laisser aller de la sorte. Pendant un peu plus de six mois, le jeune homme resta sous le joug de perfusions censées le maintenir en vie. Il ne mangeait quasiment plus, parlait à peine, et toute la colère face à ce monde d’injustices, restait cloîtré à l’intérieur. Il l’emmagasinait, la taisait. Assister à la mort lente d’un de ses enfants était une chose horrible, et la mère de Kane en faisait les frais. C’est pourquoi, lorsqu’elle vit ces deux personnes entrer dans cette chambre, ce jour là, elle sentit que tout allait bientôt pouvoir s’arranger. Il fallait qu’il survive, qu’il se batte.

Mais voilà… Le jeune Spencer ne fut pas des plus réceptifs au début, mais lorsque l’un d’eux énonça le moyen de le refaire marcher, il fut finalement l’un des plus faciles à convaincre. Méfiant, certes, mais c’était ça ou mourir et le jeune homme souhaitait prendre sa revanche sur la vie, sur Dieu. Alors il signa, loin de se douter qu’une nouvelle « guerre » l’attendait.

La petite Amber n’a jamais posé de soucis à personne. Encore moins à ses parents. Toute jeune, elle a développé une curiosité certaine pour tout ce qui pouvait bien l’entourer. Une curiosité sans doute bien trop grande pour son jeune âge. Ainsi, la fillette fut l’une des plus brillantes élèves de sa classe jusqu’à son entrée au lycée. Si sa jeunesse se déroula sans le moindre encombre, ni élément dramatique la touchant directement, les choses changèrent du tout au tout. A peine arrivée dans sa nouvelle classe, tout bascula. Du jour au lendemain, comme ça. Quelle était la raison de ce bouleversement ? Ce double, là, tout au fond de la pièce, ou encore tous ces regards constamment collés sur elle. Amber eut l’impression d’être un monstre, elle ne se doutait pas que la cause réelle de son trouble était tout simplement ce cerveau qui lui jouait de mauvais tours. Sans doute sa vie était-elle trop parfaite pour que tout ne se passe pour le mieux ?

Au fil des jours, la jeune fille perdit rapidement l’envie d’aller à l’école, prétextant que plusieurs de ses camarades voulaient la tuer. Amber passait de la fille curieuse à la fille craintive qui se retrouvait uniquement dans ses amis imaginaires, ses illusions. Plusieurs fois de suite, elle se demanda pourquoi… Mais chacune des voix lui répondirent toutes que c’était parce qu’elle était différente, elle savait trop de choses, personne ne l’accepterait jamais.

Imaginez alors la surprise de ses parents lorsqu’un médecin lui annonça que leur petite fille chérie devenait de plus en plus schizophrène. Abasourdie, Mrs Carlton ne voulut pas le croire. Elle comprit la « maladie » de sa fille unique quand elle vit celle-ci parler à un mur. Amber, de son côté, était loin d’imaginer le mal qui venait de la toucher, pour elle, c’était le monde extérieur qui ne tournait pas rond. C’est pour cela qu’elle eut énormément de mal à comprendre le geste de ses parents, et surtout de sa mère. A l’âge de 18 ans, elle fut emmenée dans un hôpital psychiatrique, pour être prise en charge. Non pas qu’elle menaçait la vie d’autrui, non, mais ses parents ne pouvaient tout simplement plus la regarder se cloîtrer dans sa chambre ou encore dans sa penderie, hurlant et répétant que ce monde voulait uniquement la voir morte, sous prétexte qu’elle était trop curieuse et attirée par tout. « La curiosité est un vilain défaut », lui répétaient sans cesse ces voix.

Pendant quatre ans, la jeune fille subit les rendez vous de groupes, ceux avec son psy, et les médicaments. Au bout de trois ans et demi de « détention », sa schizophrénie semblait définitivement partie… Jusqu’à cette vilaine rechute. En effet, quelques jours à peine avant son départ, on la retrouvait dans un coin de sa chambre, les mains sur ses oreilles, répétant inlassablement. « Je dois me cacher. Ils vont me retrouver. ». De qui parlait-elle ? Nul ne le sait, mais à ce moment là, Amber avait réellement envie de se cacher, de courir. Elle rêvait de pouvoir traverser ces murs, pour fuir l’éventuelle menace qui pesait sur elle.

C’est à ce moment là que les membres du projet Aurora Borealis franchirent les portes de l’institut Psychiatrique. Si Amber a été choisie, c’était uniquement car sa curiosité presque maladive pouvait leur être utile, mais avant tout, il fallait la soigner. La jeune fille était loin d’être une idiote, son seul malheur était d’avoir un jour… Perdu la tête. Elle ne comprit pas réellement ce qu’il se passait quand les deux « agents » lui posèrent cette question. La seule chose qui la ravit, fut qu’elle ne serait plus seule, on lui promettait de nombreux amis, comme elle, qui pourrait la comprendre. Naïve, la jeune Carlton tombait dans le panneau, mais sans doute était-ce son salut…

A l’heure actuelle, Amber ne se rappelle de rien concernant son passage à l’hôpital ou ce qui a bien pu se passer avant qu’elle n’intègre le projet, et c’est sans doute mieux ainsi. Elle est redevenue la parfaite jeune fille qu’elle avait pu être auparavant, et elle ne se souvient que de cette période d’ailleurs… Le seul souvenir qu’elle garde de ces trois années d’entraînement, c’est ce contact qu’elle a pu avoir avec les hommes en blouses blanches, ils ont toujours été gentils envers elle. Du moins, c’est ce qu’elle croit dur comme fer, en vérité… Ils étaient aussi gentils avec elle qu’avec les autres… Mais pendant cette période, ils représentaient une force et une sécurité évidente alors elle ne faisait que se voiler la face pour mieux survivre.

Heather Jean Graham est née dans une petite ville de l’Oklahoma. Très vite, la petite fille développa un caractère fort, et ses parents n’eurent d’autres choix que d’admettre que leur petit trésor était loin d’être une fille sage jouant à la poupée. Oui, Heather était loin de tout ça. De ces activités dites « féminines ». Jeune, elle grandit dans un monde masculin, juste parce qu’elle le voulait. Pratiquant un sport de combat, elle se fit rapidement respecter de ses camarades de classe et n’eut pour ainsi dire, jamais d’encombre. Les années passèrent sans qu’aucun évènement particulier ne vienne troubler l’adolescence de la jeune fille. Avec le temps, elle développa un attrait tout particulier pour la Police. Elle avait fait son choix, elle deviendrait inspecteur à temps plein.

Notre petite Heather a bien grandi, et elle réussit sans aucun mal à devenir ce qu’elle souhaitait. Habitant New York, la vie de célibataire lui tendait les bras ! Toutefois… Tout bascula lorsqu’elle rencontra son futur mari : Jason. Envolé le côté garçon manqué. Sans avoir le temps de comprendre, la jeune femme devint beaucoup plus douce et féminine. Au premier coup d’œil échangé, elle flancha complètement. Elle eut du mal à se faire à l’idée dans un premier temps, jugeant qu’elle ne pouvait pas, juste comme ça, tomber amoureuse comme une adolescente de 15 ans. Elle valait plus que ça. D’abord frustrée, elle refusa toutes les avances de ce type, c’était à elle de faire le premier pas et non l’inverse. Indépendante comme pas deux, elle se mit en tête de le séduire en premier et Jason, après avoir compris son manège, la laissa faire volontiers. Deux ans plus tard, les deux tourtereaux s’étaient enfin trouvés et ils décidèrent même de franchir le pas du mariage. Travaillant dans la Police tous les deux, ils n’eurent aucun mal à accepter les horaires de l’autre.

Tout allait pour le mieux dans la vie d’Heather, elle avait un mari aimant, un boulot qui lui plaisait plus que de raison, c’était le vrai bonheur pour elle. Si masculine autrefois, elle a réussi à trouver son côté doux et tendre qu’elle ne pensait même pas avoir. Mais malheureusement… Il fallait bien une tâche dans ce tableau parfait. Ce bonheur qu’elle pensait acquis allait bientôt se volatiliser.

Un soir, alors qu’elle rentrait tard du travail, elle ne trouva qu’une lettre sur la table. Un simple mot griffonné sur un morceau de papier sale et tâché. Jason avait des ennuis. Oui, être inspecteur de Police pouvait parfois amener des représailles… Sous le choc, la jeune femme de 25 ans resta immobile le temps d’un instant, avant de filer à toute hâte au lieu de rendez-vous. Lorsqu’elle aperçut son mari, Heather se sentit ses jambes prêtes à flancher, mais elle n’en montra rien au ravisseur qui tenait fermement l’homme aimé en joug. La panique au bord des lèvres, la jeune femme fit tout son possible pour convaincre l’homme armé de relâcher son mari. Elle lui promit monts et merveilles, mais rien n’y fit. En cette sombre nuit, Heather assistait au décès de l’être cher, et elle n’était pas prête pour ça… Envahie par la haine, la tristesse et un goût prononcé pour la vengeance, elle ne se fit pas prier. Attrapant son revolver, elle ne laissa pas le ravisseur filer. Si normalement il aurait dû être jugé et puni par une autre personne qu’elle, Heather s’en ficha. Elle tira.

Quelques jours plus tard, après avoir enterré Jason, l’ancien inspecteur de police risquait gros. En effet, elle n’aurait pas dû tuer cet homme, elle le savait, ils le savaient. Risquant la prison, ce fut à ce moment là que les membres d’Aurora Borealis intervinrent, lui proposant un marché. Démoralisée et un tantinet dépressive, Heather accepta sans broncher. C’était ça ou rester enfermer pendant elle ne savait combien de temps.

A l’heure actuelle, Heather ne pensait pas avoir dormi aussi longtemps. C’est également l’une de celles qui s’adaptent le mieux à cette nouvelle « ville ». Sa mémoire est intacte, elle n’a perdu aucun souvenir. Les modifications génétiques ne sont que des bribes de souvenirs pour elle, mais elle se souvient être veuve, elle se rappelle avoir vu son mari tomber au sol. Et si elle peut le faire payer à quelqu’un, elle est prête à obéir. Les styx ? Si on lui demande d’en faire de la bouillie, elle le fera sans hésiter.

On pourrait croire, vu la richesse d’Arizona, que celle-ci est née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Et bien ceux qui pensent ça, ont tort. En effet, la vie n’a jamais réellement sourit à la jeune femme. Très jeune, elle perdit ses deux parents dans un crash d’avion. Ils venaient tout juste de se marier, et la petite fille n’avait alors qu’un petit mois lorsqu’ils sont partis en lune de miel. Destination de rêve où ils n’arrivèrent jamais. Gardée par sa grand-mère maternelle, la petite Arizona ne se doutait pas du drame qui venait de se produire. Elle ne comprit que quelques années plus tard, que ses chers parents, elle ne les connaitrait jamais. Sa grand-mère devint sa tutrice légale. La petite fille n’eut jamais le loisir de parler de ses deux parents à l’école, et elle s’enferma vite dans sa bulle de rêve.

Les années passèrent, et sa grand-mère devenait de plus en plus âgée. A l’âge de 21 ans, la jeune femme travaillait à mi-temps afin de subvenir aux besoins de la maison. Pendant son temps libre, Arizona étudiait ses cours de droit, dans le but de devenir avocate. C’était sa voie, elle le sentait. Fière de sa petite fille, elle ne regrettait qu’une chose : que celle-ci ne profite pas pleinement de sa jeunesse pour s’amuser. Toutefois, lorsque celle-ci proposait à Arizona de sortir, la jeune femme trouvait toujours un prétexte : des courses à faire, des devoirs, ou encore du travail à la maison ! A force de courage et d’acharnement, Riza réussit à obtenir son diplôme et finit par accomplir son rêve, elle se trouvait enfin dans un tribunal. Elle venait à peine de partager cette nouvelle avec sa grand-mère quand un nouveau drame survint. Sa seule tutrice perdit la vie, de vieillesse. Arizona se retrouvait donc seule face à elle-même et ses devoirs d’avocate. Heureusement qu’elle bénéficiait de ce travail, les différents cas lui permettaient de penser à autre chose et lui évitaient de pleurer à chaudes larmes. Elle avait alors 25 ans. En un peu plus d’un an, la jeune femme devint plus riche qu’elle ne l’était. Elle se mit enfin à sortir afin de voir d’autres personnes. Tout se passait bien, jusqu’au jour où un nouveau client lui fut assignée.

Un homme d’une trentaine d’années, charmant. Condamné à la prison pour avoir braqué une banque. Si au début, Arizona se comportait de manière professionnelle avec le jeune homme, ses barrières s’affaissèrent bien rapidement… Et pour cause. Elle venait de tomber sous le charme de son client. Belle boulette. Chose interdite. Naïve et généreuse à ce moment là, elle tomba dans le panneau. Le type comprit et en profita lourdement. Il suffit de quelques rendez-vous supplémentaire pour que la jeune femme décide de prendre haut et fort, la défense de son client. Coupable jusqu’au bout des ongles, Arizona réussit tout de même à croire qu’il était innocent. Et elle réussit son procès. Malheureusement pour elle, alors qu’il était censé lui vouer un amour sincère et inébranlable, le jeune homme n’attendit pas son reste pour filer. Du jour au lendemain, Arizona perdit son amant. Pire encore, celui-ci fit une récidive quelques semaines plus tard. Et lorsque l’avocat adverse se rendit compte qu’il y avait eu anguille sous roche… Il n’a pas hésite une seule seconde à détruire la carrière de la pauvre femme.

Anéantie, Arizona perdit son boulot et devint dépressive. Elle n’avait personne à qui se confier, personne à qui parler. Elle avait perdu de son estime auprès de ses anciens collègues. Elle avait beau avoir l’argent, plus rien ne la comblait. Un soir, elle fut retrouvée inconsciente dans son loft du côté de Manhattan. C’est son voisin de palier qui appela les secours, elle venait de faire une tentative de suicide. Internée dans un hôpital psychiatrique, les médecins étaient censés l’aider, mais elle refusait de les croire. En fait, elle refusait de croire toutes les personnes qui voulaient bien lui parler. Persuadée qu’elle serait dupée, constamment. Puis vint la libération. Les membres d’Aurora Borealis frappèrent à la porte de cet institut, et Arizona fut choisie. Après tout, elle était encore réputée il y’avait six mois de cela.

Aujourd’hui, Arizona est devenue plus indépendante qu’avant. Elle ne se souvient pas s’être faite bernée, elle ne se souvient pas avoir eu tant d’argent. Ses souvenirs sont plus récents. Sa capacité ? Elle la connaît très bien et n’a même pas pris peur en la développant. La jeune femme sait de quoi elle est capable, et elle n’a pas vécu ces trois années d’entrainements comme un calvaire. Non. Loin de là. Pour elle, ce fut la délivrance.

Zach a vécu une enfance tout ce qu’il y’a de plus banal, ou presque… Alors qu’il n’avait que 5 ans, le garçonnet s’intéressait déjà au fonctionnement des jouets mécaniques ou encore de ces espèces de mini ordinateurs censés aider à apprendre à parler. Fils d’un ingénieur, ses parents ne s’inquiétèrent pas plus que ça de son avenir et de ses manières farfelues. Ainsi, à l’âge de quatorze ans, il devint l’un des meilleurs de sa classe. Un surdoué de l’informatique. Et les choses ne firent que s’améliorer. Ne manquant pas d’argent, le jeune Zach mis rapidement un pied dans le monde du business et ne fit qu’en profiter. A 22 ans à peine, il devenait l’un des meilleurs élèves de sa promotion et en secret, l’un des meilleurs jeune pirate informatique. Mais voilà… Zach aurait pu mettre ce don à profit de la société, de sa patrie, mais il n’envisagea même pas l’idée. Lui voyait plus grand : ce ne serait que pour son plaisir personnel. Egocentrique et indépendant, il passait des heures devant ses ordinateurs, au grand damne de ses parents qui finirent tout de même par s’inquiéter. Lorsque son père comprit ce qu’il faisait et dans quels genres de systèmes il fouinait, celui-ci décida de tout confisquer.

Pendant un an, le jeune homme dû se passer de son informatique chéri. Il en devint malade, se noyant dans l’alcool. Il aurait pu finir alcoolique si son paternel n’avait pas fait un choix. C’était devenir alcoolique ou s’amuser sur des systèmes et réseaux informatiques. Autrement dit, même si son père dû choisir, il n’eut pas forcément le choix… Aussitôt, ses ordinateurs revenaient à leur place initiale et ne furent plus jamais éteints. A 24 ans, Zach vivait toujours chez ses parents, faisant ses petites magouilles, mais lorsque celles-ci eurent raison de la sécurité de ses géniteurs, le jeune homme dû, à son tour, faire un choix. En effet, lors d’une journée tout à fait ordinaire chez les Stephens, plusieurs agents vinrent sonner à la porte. Quand la mère de Zach ouvrit, elle fut surprise. L’un d’eux se contenta uniquement de dire que son mari était une menace pour le gouvernement. Bouche bée, elle n’eut pas le temps d’aller chercher son fils que celui-ci s’interposait. Il avait tout entendu. Son père n’allait pas payer pour ses crimes. Quand les agents emmenèrent le jeune Stephens, celui-ci jetait un coup d’œil à ses parents présents sur le pas de la porte. Il ne reviendrait jamais ici.

Zach aurait pu avoir de très gros ennuis s’il était tombé sur d’autres agents que ceux là. Oui, le jeune homme venait directement de tomber dans les mailles du filet d’Aurora Borealis. Ils finirent d’ailleurs par lui expliquer. C’était ça, ou ils l’envoyaient dans une prison hautement gardée, car après tout… Il n’avait pas hésité à faire du détournement de fond le bonhomme… Mais voilà… Aurora Borealis avait besoin d’un pirate informatique, alors ils n’eurent pas le choix que de frapper avant d’autres assaillants. N’ayant pas franchement envie de se retrouver sans aucun ordinateur, et ce, à vie, Zach accepta et signa le contrat.

Aujourd’hui, Zach s’est réveillé sans aucun souvenir de sa vie antérieure, ou même de celle vécue au centre. Il ignore qu’il a une capacité, tout comme il ignore avoir été un jour l’un des meilleurs pirate informatique de sa génération. Néanmoins, sa mémoire risque de revenir bien vite, car les ordinateurs ne manquent pas au centre d’Aurora ou encore dans la base des Trojans…

Alexander Maxwell a eu une enfance toute simple, planqué au fin fond du Texas. Voué à récupérer le ranch de son Père, il a finalement prit une autre voie. Souhaitant s’instruire, sa mère lui permit d’aller à l’école, et ce, même contre les grognements incessants du paternel. Malgré tout, le jeune Maxwell continua à faire les tâches qu’on lui assignait sans broncher. Tant qu’il pouvait aller à l’école, tout allait pour le mieux.

Les années passèrent tranquillement, son père se fit à l’idée de le voir quitter le domicile familial un de ces jours. L’entente semblait au beau fixe. Mais tout s’envenima lorsque Alex dû réellement partir. Il voulait devenir Pompier, aider les gens, sauver des vies, il en mourrait d’envie. Se sentir utile était quelque chose de très important pour le jeune homme et il allait enfin pouvoir le mettre à profit. Il quitta donc sa ville natale pour se rendre à New York, et autant vous dire qu’il mit un peu de temps avant de s’habituer au bruit, aux buildings et à la vie citadine. A force de persévérance, le jeune homme finit par obtenir ce qu’il désirait : un travail. Il était enfin pompier et pouvait mettre à profit son savoir faire. Trois années supplémentaires s’écoulèrent, il avait alors 27 ans. Sa vie se qualifiait de « banale », il sortait avec des amis, flirtait et s’amusait quand il n’était au travail en train d’aider un chat à descendre d’un arbre, ou encore en train d’empêcher qu’un incendie ne se propage.

C’est cette année là qu’il rencontra sa future femme. Blonde aux yeux clairs, il tomba sous son charme mais attendit un certain temps avant de l’aborder. Lorsqu’il se décida enfin, Alexander obtint ce qu’il voulait. Il réussit à la séduire. Chose aisée quand on savait la cotte qu’il avait auprès des filles… Au bout de quatre années de vie commune, les deux tourtereaux finirent par se marier. Leur idylle allait bon train, et leur quotidien aussi. Alexander n’avait jamais été aussi heureux de toute sa vie. Il n’avait peut-être pas de ranch mais sa vie lui convenait très bien. Allez savoir, s’il avait écouté son père, peut-être qu’il se serait marié à… Une jument ? Il se plaisait à penser à cela, et ça le faisait rire à chaque fois. De nature blagueur, il n’en ratait jamais une.

Le jeune homme resta marié pendant seize ans. A 43 ans, il avait déjà effectué un beau parcours. Ils avaient pensé avoir des enfants, mais ils n’eurent jamais cette chance –ou alors sa femme fit tout pour ne pas en avoir. Cette année là, son petit coin de paradis allait tout bonnement s’effondrer sous ses pieds, sans qu’il ne puisse rien y faire. Il rentrait du travail quand le « drame » se produisit. Ouvrant la porte du modeste appartement, il appelait inlassablement sa chère épouse. N’ayant aucune réponse de sa part, il s’avança jusqu’à la chambre, et quelle ne fut pas sa surprise… La surprise de voir l’un de ses collègues absent dans son propre lit, et avec sa femme en plus. Se sentant trahi, Alex quittait l’appartement sans un regard en arrière pour cette femme qu’il aimait tant et qui venait de lui faire un coup horrible au cœur. Celle-ci tenta de le rattraper, mais en vain. Ce soir là, Alex couchait à l’hôtel sans daigner répondre aux appels incessants de sa femme. Il ne décrocha pas son téléphone de toute la nuit. Le lendemain matin, il était réveillé en trombe par la sonnerie clinquante de son téléphone, il avait plusieurs messages vocaux. L’un était sa femme en pleurs, l’autre, un coup de fil de la part de ses camarades. Ceux-ci lui annonçaient que sa chère et tendre s’était donnée la mort en sautant de la fenêtre de leur appartement. Il crut tout d’abord à un canular, mais lorsqu’il se trouva devant leur immeuble, il comprit vite que c’était loin d’être une blague. Anéanti, le seul souvenir qu’il garda d’elle, fut ce message vocal et cette image d’elle avec l’un de ses prétendus amis.

Rapidement, la déchéance commença. Il quitta son boulot, se jugeant inutile. Il n’avait même pas pu sauver sa propre femme. Alex se noya dans l’alcool, avalant des litres et des litres jusqu’à en devenir complètement saoul. Il suffit de quelques mois pour que celui-ci ne devienne alcoolique. Persuadé d’avoir un problème, ce fut de lui-même qu’il alla sonner à la porte d’un institut spécialisé. Il voulait redevenir sobre, plus ou moins. C’est dans ce même institut que les membres d’Aurora Borealis le trouvèrent. Ils lui proposèrent leur aide mais Alexander fut réticent. Du moins au début, deux jours de réflexions suffirent à le convaincre. Il ne servait à rien dans cet institut, autant les laisser le guérir. Il signa le contrat.

Aujourd’hui, l’homme veut tout faire pour aider les autres. Généreux, il veut éviter que des drames comme il a connu se produisent. Se rappelant des entrainements et de la vie menée au centre, il souhaite aider les autres personnes comme lui à accepter, à passer le cap. Sa capacité, il en a pleinement conscience, et ce n’est pas par hasard s’il l’a développé. Il s’en est tellement voulu de ne pas avoir pu sauver sa femme. Ses pensées s’étaient même tournée vers ces « super-héros » de bandes dessinées dont il était fan étant gamin. S’il avait eu la capacité d’empêcher quelqu’un de s’écraser, sa femme serait toujours en vie…

L’enfance de Camron ne fut pas sans surprises, et encore moins sans tracas. En effet, dès son entrée au primaire, le jeune Hardley eut du mal à s’adapter et s’intégrer. La grande majorité de ses camarades se moquaient de lui et sa grande taille (oui il était déjà grand à l’époque). Blessé par les différents propos tenus, le petit garçon réussit à faire profil bas jusqu’à l’âge de 8 ans. Mais un jour tout changea. Ayant développé une haine vis-à-vis de ses camarades de classes, Camron tenta un jour de tous les brûler vif. En effet, alors que la maitresse d’école s’était éclipsée pour aller faire des photocopies, le garçonnet s’était dirigé vers la porte de la salle, dans la poubelle, il y jetait un morceau de papier enflammé avant de se diriger vers le couloir et de fermer la porte à double tour. Intelligent et malin, la poubelle allait finir par prendre feu, et tout ne serait que réaction en chaine en quelques minutes seulement. Malheureusement pour lui, la maitresse revint plus vite que prévu et sa tentative échoua. Pire encore, lorsque celle-ci comprit ce qu’il avait essayé de faire. Pourquoi était-il le seul dehors alors que tout le reste de sa classe était à l’intérieur, jouant et hurlant comme des forcenés ? Les yeux de la jeune femme devinrent ronds comme des billes tandis qu’elle se précipitait à l’intérieur pour éteindre le feu qui commençait à embraser les étagères. Inutile de dire que Camron eut de gros ennuis après ça…

Considéré comme jeune pyromane et mentalement dérangé, il fut envoyé dans un centre spécialisé pour y être soigné. Il n’en sortit jamais. Camron n’avait rien de méchant, il n’était pas « malade » non plus, il avait juste cultivé une haine intérieure qu’il avait dû libérer. Maintenant que c’était fait, il s’était senti tout de suite mieux ! Il ne comprit pas pourquoi ses parents laissèrent faire les médecins. Ses parents… Il ne les revint jamais. Ils ne vinrent jamais le voir, se contentant de lui envoyer des lettres, ou des cadeaux pour son anniversaire ou Noël. Il n’eut aucune autre marque d’affection depuis ce jour maudit. Ce n’était pas sa faute, c’était celle des autres. A l’intérieur de l’institut, le jeune garçon réussit tout de même à s’épanouir, mais jamais il n’eut le droit de quitter sa chambre pour aller se promener seul. Surveillé constamment, il a apprit à faire avec, mais l’absence de vie normale le rongeait continuellement. Que n’aurait-il pas donné pour s’échapper. Sa fenêtre était devenue sa seule vue sur l’extérieur.

Toutefois, le jeune homme grandit presque comme tous les autres, il flirta avec quelques filles présentes dans l’institut mais ça n’alla pas plus loin. Cette envie de liberté le bouffait constamment de l’intérieur, mais il restait fidèle à lui-même : tendre et gentil avec les autres. Il n’avait pas souhaité faire de mal aux autres, il avait juste voulu leur montrer combien leurs réactions lui faisaient mal. Comme tous les autres, il suivit des cours, mais ne put jamais prétendre à un futur métier. Il développa quelques aspects d’un fin psychologue, il aimait aider les autres, sans doute serait-il devenu l’un des plus doués. Mais le destin en décida autrement. A l’âge de 23 ans, les membres d’Aurora Borealis vinrent lui proposer un marché, un moyen de s’échapper et de guérir, car malgré tout, il devait bien avoir un souci pour s’être retrouvé ici, ou pour avoir souhaité mettre le feu à une classe entière… Surexcité, le jeune homme ne se fit pas prier pour signer. A lui la liberté ! Ce qu’il ignorait, c’est qu’il quittait une cage dorée pour une autre…

A l’heure actuelle, Camron s’est réveillé sans aucun souvenir de sa vie antérieure ou même de celle passée au centre. Il n’a donc pas conscience de sa capacité. Dans sa tête, c’est un homme normal, et contrairement aux autres, il ne cherche pas à récupérer sa mémoire, comme s’il pensait qu’il valait mieux ne pas chercher. Au fond, il a raison. C’est un bon vivant qui saura se faire apprécier des autres.

Arya naquit à Phoenix, dans un hôpital privé qui était alors l’un des meilleurs. Il fallait dire que sa famille n’était pas du genre à être dans le besoin. Ils vivaient bien, comme beaucoup d’américains à cette époque. Entourée d’une famille aimante, elle fut capable de fréquenter de bonnes écoles. Son père, Procureur, était son héros. Comme lui, elle rêvait de mettre les méchants derrière les barreaux et chaque soir, quand il rentrait, la sempiternelle question revenait : « Alors papa, tu en as eu combien aujourd’hui ? ». Oui, elle se sentait en sécurité. Son enfance ne fut en rien troublée par des évènements exceptionnels. Elle ne fit que connaître les mêmes déboires que ses camarades : les disputes entre amies, quelques contrôles ratés, quelques punitions pour quelques bêtises sans importance… Elle commença les arts martiaux à l’âge de neuf ans, souhaitant pouvoir se défendre par elle-même, au cas où. Au début, elle était franchement nulle… Mais elle ne se laissa pas décourager et continua malgré tout de suivre chacun des cours. Elle commença alors à monter en grade, à son rythme.

L’adolescence fut par contre plus troublée. Elle eut une période un peu gothique où elle traînait toujours avec le même groupe. Elle entra dans sa période rebelle et en fit voir parfois de toutes les couleurs à ses parents. Quelques joints, quelques vêtements sombres, quelques lectures morbides, elle cherchait sa voie et son indépendance. Elève moyenne, elle revint dans le « droit chemin » comme aimaient à le dire les « vieux ». Pour sûr, ils ne reconnaissaient plus leur petite fille mais ils la laissaient faire. Après tout, elle devait bien s’amuser un peu. Et elle semblait vouloir entrer à la fac, ce qui d’après les magazines que lisaient sa mère était la preuve irréfutable que sa fille n’était pas réellement ce qu’elle prétendait et qu’elle ne faisait que profiter de sa jeunesse.

Vint enfin l’entrée à la fac. Elle avait choisi des études de psychologie dans le but de devenir assistante sociale. Elle avait envie de protéger les plus démunis qu’elle et cette option serait probablement un plus. Elle n’avait pas abandonner les arts martiaux qui lui permettait de mieux gérer son stress et avait une vie d’étudiante plus que normale, rythmée par les examens et les fêtes un peu alcoolisées organisées dès qu’une occasion se présentait.

Cependant, sa vie bascula un soir où son téléphone portable sonna. L’écran affichait « Home ». Ne se doutant pas de l’affreuse nouvelle qu’on lui annoncerait, elle décrocha, un sourire aux lèvres. Elle sut tout de suite à la voix de sa mère que quelque chose venait d’arriver. La nouvelle qui tomba l’anéantit. Son père venait d’être retrouvé mort, une balle dans la tête. Un suicide. Histoire classique. Pourtant, la peine était dévastatrice. Pourquoi ? Pourquoi n’avait-elle rien vu alors qu’elle suivait des études de psychologie ? Dégoûtée, traumatisée, Arya changea alors totalement de voie. Ce ne serait donc plus la psychologie mais ce qui l’aidait le mieux à affronter sa peine : les arts martiaux. Cette année là, elle devint enfin ceinture noire. Elle y avait travaillé tellement d’heures pour se changer les esprits et rendre fier ce père disparu que la consécration la rendit vraiment heureuse. Elle sortait à peine du bâtiment qu’un homme l’approcha. « Je vous observe depuis longtemps Arya Eden Wilson. Nous recherchons des personnes comme vous. Un job bien payé et intéressant. Voici ma carte. Appelez-moi ce soir. »

C’est ainsi qu’elle entra dans les services secrets du gouvernement américain. Elle fut formée, entraînée et on lui donna d’autres noms, d’autres vies pour effacer ses traces. Là, elle fit ses preuves. Ce ne fut pas toujours simple mais on reconnut son professionnalisme. Une mission cependant changea totalement sa vie. Elle fut en effet choisie pour exécuter une mission d’importance capitale et très dangereuse : séduire un homme qui faisait du trafic d’armes, un homme très dangereux. Elle correspondait à son type de femmes d’après les supérieurs et ils provoquèrent la rencontre. Elle devait réussir à l’infiltrer, à ramasser suffisamment de preuves contre lui et le faire tomber. Une mission qui devait durer un certain moment. Au début, mentir était simple. Mais plus le temps passait, plus elle se sentait menacée. Bêtement, elle se mit à ressentir des émotions envers cet homme qu’elle ne devrait jamais avoir puisqu’elle tomba amoureuse de celui qu’elle était censée abattre. Un vulgaire syndrome de Stockholm. Sa survie ne dépendait que du bon vouloir de cet homme. Isolée, elle n’avait pas le choix. Sauf qu’elle commença à ne plus donner d’informations. Comprenant qu’ils la perdait, son équipe décida d’agir.

Avant qu’elle ne comprenne, elle fut séparée de lui. Jetée dans une voiture, elle n’arrivait pas à réaliser. Qui était-elle ? On l’appelait Arya mais son prénom c’était Linda. Non ? Perdue, elle sombra peu à peu dans une sévère dépression. Ils ne voulaient pas la perdre. Ils étaient bien conscients qu’elle ne les avait pas réellement trahis et la placèrent donc dans le meilleur établissement en espérant qu’elle réussisse à remonter la pente et à reprendre ses fonctions. Et finalement, quelque chose de bien mieux se profila à l’horizon : The Aurora Project. La reconversion idéale pour elle. On lui promettait de ne plus souffrir et c’est d’un regard vide, hagard, absent qu’elle signa ce papier. Voici comment elle est entrée dans cette armée de forces spéciales.

Jenkins Senior était un homme à qui tout réussissait. Sa carrière était l’exemple parfait de l’homme qui savait gravir grâce à ses relations. Une fois bien placé, il trouva sa femme avec laquelle il eut un fils : Nick. Nick était un petit garçon heureux, plein de vie, Nick est le fils de Jenkins. On peut donc dire qu’il a eu une enfance dorée : jouets perfectionnés, vêtements de luxe, plats cuisinés par un grand chef, nul doute qu’il ne manquait de rien. On lui offrit les meilleures écoles privées, fréquentées par le grand monde. Bien sûr, c’était un investissement qui n’était pas fait à la légère : il deviendrait amis avec de futurs hommes influents, grimperait l’échelle sociale en un rien de temps. C’était que les Jenkins étaient tous ambitieux. Nick gravitait dans ce monde, très à l’aise avec les faux semblants. Bien sûr, il avait aussi quelques vrais amis sur lesquels compter mais rares. Il fallait dire que le jeune homme pouvait en agacer certains : prétentieux, il rabaissait énormément de gens. Qu’importe tout se déroulait parfaitement bien.
Un jour, son père le fit monter dans son bureau. Il lui parla alors du Projet Aurora Borealis. Sa première réaction fut de croire que son père avait complètement perdu la tête. Toute cette histoire pour une petite aurore étrange ? C’était un phénomène scientifique rien de plus ! Mais à toutes ses objections, son père trouva une parade. Il commençait à y croire. C’était si dingue et à la fois si…Plausible. Déconcerté, Nick accepta. Il verrait bien si la chose était sérieuse et son père lui avait promis d’être à la tête de ces héros. La place dont il avait toujours rêvé ! Sa mémoire ne serait pas modifiée. Seulement son code génétique. Il pourrait continuer de fréquenter le monde mais Nick devait aussi se préparer à tout quitter : il devrait dormir durant de longues années. Ils ne devaient apparaître qu’au bon moment et seraient réveillés à la bonne date, pas avant. Il devrait alors guider ce groupe d’humains modifiés et leur faire remporter la victoire. Sur le papier, la mission était glorieuse. Mais Nick n’était peut-être pas l’homme de la situation…

Aujourd'hui, le jeune Jenkins s'est réveillé comme les autres. Il a fait ce pourquoi son père l'avait "envoyé". Ce fut lui qui expliqua un peu plus en détail le projet aux Trojans. Malheureusement pour ce jeune homme ambitieux, il semblerait que la place de leader soit compromise... En effet, les Léthés ne sont visiblement pas prêts de lui obéir.