Niobé est née il y a de ça deux-cent-cinquante ans. Elle est la fille unique d’une famille de Styx comme tant d’autres. Seul soucis, ses parents auraient voulu avoir un fils, persuadé qu’un homme serait plus fort, plus solide et pourrait plus facilement impressionner la monarchie. Dès que la petite fut mise au monde, ils n’eurent plus qu’un seul but pour elle, qu’elle devienne la meilleure. Difficile de croire qu’un jour une jolie petite tête blonde puisse devenir une combattante hors paire. Pourtant, dès son plus jeune âge, elle a été entrainée au combat comme tous les autres enfants de son âge. Etant de classe non noble, il était évident qu'elle ne pouvait prétendre qu'à finir soldat, mais qu'importe, ses géniteurs espéraient de tout coeur que leur fille accéderait un jour au poste le plus haut. Ses parents vouaient une haine sans limite aux humains, comme leur parents avant eux et ceux d’avant encore. Ils ont toujours éduqué leur fille sous le modèle de la haine, elle devait se battre, elle devait être forte, laisser de côté ses sentiments pour devenir une manipulatrice hors pair. Ils étaient persuadés que comme ça, elle finirait par être reconnue et pourrait se rapprocher de la monarchie, cette monarchie si enviable que tout le monde convoitait. Seulement, à force de conditionner la jeune femme dans le but d’être toujours plus forte, toujours plus dépourvue de sentiments, elle n’avait pas la moindre envie d’entrer dans la monarchie, elle n’avait pas besoin de reconnaissance de qui que se soit, elle voulait juste se battre, devenir plus forte pour un jour aller sur terre et redonner au monde l’ordre logique des choses. Ses parents n'eurent d'autre choix que de l'entendre renoncer à l'ambition et l'espoir qu'ils avaient tant mis en elle. Elle deviendrait donc soldat, comme tous les autres membres des classes dites "non-nobles" et ça n'alla pas pour lui déplaire à la demoiselle.

La grande guerre fut bien sûr pour Niobé le moyen de faire ce pour quoi elle avait la certitude d’être faite, c’est-à-dire tuer. Manipulatrice à la main tranchante, elle n'hésitait pas à user de ses capacités mentales pour infliger toujours plus aux humains. Persuadée de la supériorité des Styx par rapport aux humains, elle a toujours pensé qu’il vaudrait mieux tous les tuer plutôt que de les laisser ternir la planète. D’ailleurs, elle n’hésite pas à les tuer même sans raison apparente, juste parce qu’elle a toujours appris à les détester et forcément quand on passe deux-cent-cinquante longues années à haïr l’espèce à cause de laquelle son peuple est plongé dans l’obscurité, on fini par manquer de tolérance. Quoi qu’il puisse se passer, résistance ou pas, Niobé reste persuadée que rien ni personne ne mettra un terme au règne des siens puisque qu’on lui a toujours dit que c’était ça le véritable ordre des choses.

S'il y a bien une histoire compliquée à raconter, c'est celle de Leander. Peu de gens peuvent se vanter de la connaître et probablement que beaucoup diront que ce n'est qu'une légende à laquelle plus personne ne croit. Probablement que c'est le cas... probablement que c'est toute autre chose. Personne ne se souvient de sa naissance, personne jusque là ne se souvenait de son existence. Beaucoup croyaient qu'elle datait de plusieurs centaines d'années. Au delà du monarque actuel des Styx, Leander a connu la grande ère de gloire des siens... la beauté de leur civilisation, la grandeur de leur culture, en comparaison du minuscule humain. Malheureusement pour lui, les souvenirs qu'il peut conserver de cette époque sont rares, dénués de sentiments, d'intérêt. Il était un soldat, il s'en souvient particulièrement bien puisqu'il est né pour ça, qu'il a grandi dans cette optique et que dans ce nouveau monde des Styx, il tient ce même rôle. Un guerrier ancestral, oublié, quel cachet.

Fut un temps bien lointain où les soldats de la trempe de Leander étaient respectés, adulés, adorés. Un temps aujourd'hui dépassé et oublié, voire bafoué si bien que c'est un soldat affaibli qui est revenu à la vie il y a peu. Malgré la défaite des Styx qui les a amenés à se terrer dans l'ombre, il avait réussi à se construire un semblant de vie, un semblant de sentiments qui pouvaient lui donner un soupçon de compassion, ou d'amour pour la vie qui l'entourait dans les galeries souterraines qu'ils allaient à présent habités. Il appartenait malheureusement à une hiérarchie de l'armée trop crainte sans doute, puisque du jour au lendemain il s'est retrouvé à renoncer à tout pour son peuple. C'est ainsi que Leander ainsi que ses fidèles associés qui avaient participé à la bataille qui avait opposé, en des temps hors des mémoires, humanité et peuple Styx, se retrouvaient condamnés à un sommeil long comme ils ne l'auraient sans doute jamais imaginé... un sommeil qui défiait toute vie. Une trahison déguisée en bonne intention.

Comme une arme soigneusement préservée pour une plus grande bataille, pour une victoire, Leander resta plongé dans un sommeil artificiel, maintenu en vie par les siens, pendant des centaines d'années, trop longtemps il faut croire. Ce n'est qu'il y a trop peu de temps que le soldat Styx a retrouvé vie et conscience, tout juste déballé de son carquois pour la grande bataille qui a marqué la victoire du peuple Styx sur l'humanité. Une grande victoire pour beaucoup, une bataille amère pour lui, agrémentée d'une douleur. Celle de découvrir le drame qu'a été sa vie, celle de découvrir la machination de laquelle il a été l'objet... celle de découvrir que le temps passant, il avait perdu tout ce qu'il avait pu chérir dans sa vie passée. Bien heureusement, les sensations du soldat sont encore trop annihilées par ce si long sommeil... les souvenirs ne lui sont que trop lointains, avec trop peu de saveur... si bien qu'il peut encore avoir l'allure d'une arme fatale intelligemment dévoilée par les Styx. Mais qui sait, involontairement leur petite expérience pourrait juste avoir transformé leur soldat en véritable bombe à retardement.

Son âge n’est pas réel. Il n’est pas né réellement il y a 356 ans mais bien plus avant, il y a plus de 2000 ans. Oui, Ulys fait parti de ces Styx que l’on a considéré comme l’un des meilleurs guerriers et qu’on a donc conservé dans le but d’en exploiter les forces le moment venu.
Il était donc là, lors de la première guerre. Si jamais vous tentez de le questionner à ce sujet, il ne vous en dira rien. Déjà parce qu’il considère ce moment de sa vie comme le plus humiliant mais aussi parce qu’il n’aurait jamais cru les humains capables de tant de méchanceté à leur égard. Il a vu leur ville sanctifiée être prise, il a vu la tête de son roi flotter dans la foule des guerriers qui faisaient leur siège au bout d’une pique, il a vu toutes les atrocités dont ils avaient été capable. Et pire, il avait vu sa propre fille être tuée sous ses yeux impuissants. Tous ces souvenirs tourbillonnent en lui, ressassant le désespoir d’être seul, la rancœur, la haine, la déception, tous ces sentiments sont toujours là aujourd’hui. Il avait voulu mettre fin à ses jours mais on réussit à le piéger. Enfin, c’est ce qu’ils croient. A vrai dire, Ulys portait lui aussi très bien son nom : rusé, il avait découvert ce plan avant même qu’on ne vienne pour le piéger dans l’un de ces…Sarcophages ? Il ne savait pas quel nom donner à cette boîte. En tous cas, il était un héros, une de ces légendes Styx qui avait perdurée à travers les âges.
Endormi, il ne rêvait même pas. Il attendait qu’on le rappelle et le moment ne vint que deux millénaires plus tard. En 2051.
Le couvercle est levé, la machine arrêtée. Il ouvre lentement les yeux, reprenant peu à peu conscience. C’est qu’on ne revient pas comme ça d’un si long sommeil… Sa mémoire est inaccessible. Il ne sait plus très bien son nom ni qui il est. Mais un Styx ne manqua pas de lui apprendre. Ulys. Oui, on l’avait appelé ainsi fut une époque. Mais du reste, il n’en avait que quelques vagues images. Par contre, ses sentiments, eux, se manifestèrent rapidement. Il sut qu’il haïssait les humains. Il sut pourquoi aussi. Il fallait dire qu’on voulait être certain qu’il tuerait des humains. Un peu rouillé, il a retrouvé d’anciens camarades. Ensemble, ils sont les héros d’un autre temps, les héros qui doivent une fois pour toute prouver aux humains que leurs expériences ne valent pas la leur. Quels exploits vont-ils être amenés à accomplir ? Ulys est prêt à prendre sa revanche. Surtout que plus le temps passe, plus sa mémoire lui revient.

Priape est un bon soldat. Il faut dire qu’il faut obligatoirement être bon dans l’armée Styx, autrement vous ne survivez pas. D’une enfance banale, il n’en garde aucun souvenir. A quoi bon s’attacher à une période révolue ? Il vaut mieux vivre dans le présent. Et c’est ce qu’il fait depuis de nombreuses années maintenant, une philosophie de vie comme une autre. Il n’a aucune ambition particulière, autre que celle de servir son peuple. Les responsabilités ne l’intéressent pas, lui tout ce qu’il veut c’est faire son travail et le faire bien.
Il a eu quelques aventures d’un soir et se rend régulièrement au centre ville pour apprécier quelques endroits connus et reconnus pour offrir justement ce dont il a besoin. C’est toujours mieux de se débarrasser de ses tensions… Il ne s’attache guère aux autres, restant la plupart du temps dans son coin. Il faut dire que son aspect ne prête pas à s’approcher de lui. Il porte ses armes en permanence et ne répond la plupart du temps que par des onomatopées. Pourtant, nul doute que si l’on creusait un peu le personnage, on y découvrirait un Styx protecteur et prêt à tout pour assurer le meilleur avenir de ceux qu’il apprécie. Encore faut-il réussir à se faire apprécier justement…
Vous l’aurez compris, il vit sa vie au jour le jour, sans se prendre la tête et ne faisant qu’obéir aux ordres qu’on lui donne. Ses supérieurs sont plutôt contents de lui et savent aussi qu’il ne faut pas se formaliser de son étrange silence. A la limite, il est moins bête que d’autres en s'abstenant de parler. Ceci-dit il n’a encore fait aucun acte héroïque qui lui permettrait de monter en grade.

L’armée n’a jamais su le mater et n’y parviendra probablement jamais. C’est qu’Achileus est du genre rebelle. Il faut dire qu’on lui a souvent, petit garcon, raconté l’histoire du héros qui portrait le même prénom que lui, allant peut-être y puiser ses propres traits de caractère. Achille est un modèle pour lui. Le genre de guerrier valeureux au combat, qui n’a peur de rien et dont le nom suffit à faire trembler l’ennemi. Son avantage ? Il n’avait pas de problème avec son talon. Par contre, pour le reste, on pouvait le toucher. Qu’importe. Lui aussi est bien plus âgé que ce qu’il n’y paraît. Leander et Ulys étaient ses contemporains. Lui aussi a vu les hommes se soulever contre eux, lui aussi s’est battu pour sauver les siens et lui aussi a vu tous ses espoirs ruinés. Et pour cause, il avait tenté une mission quasi suicidaire pour contourner l’ennemi. Malheureusement, ils n’étaient pas assez nombreux pour réussir et ils furent repoussés. L’humiliation. Le Grand Achille n’aurait jamais vécu quelque chose comme ça. Les dieux les avaient-ils abandonnés ? Il ne savait plus, il ne comprenait plus.
Il restait l’un des meilleurs guerriers. Il avait réussi à soulever une armée malgré la peur. Il avait entraîné dans son sillage des hommes qui jusque là se contentaient de soigner et prier les dieux. Mais en vain. Vaincu, il se fit avoir comme d’autres. On prétendit le soigner mais avant qu’il ne comprenne, il se retrouvait endormi.
Son réveil fut brutal. 2051 ? Quel 2051? D’après quel calendrier ? La lumière agressait ses pupilles depuis trop longtemps cachées sous ses paupières. Il ne parvint pas à bouger tout de suite, les muscles raidis par cette sieste d’au moins deux millénaires. Il lui fallut le temps de s’acclimater à ces visages inconnus, à cette nouvelle civilisation qui n’avait plus rien à voir avec la sienne. Ils les haïssaient. Tant mieux, lui aussi. Oui, il était prêt à prendre le commandement d’une légion mais il le ferait à sa manière. Eh ! C’était un Achileus et on ne faisait pas n’importe quoi avec lui ! Ce n’était pas qu’un simple soldat, c’était un héros. Il se plaît d’ailleurs à le clamer haut et fort. Il copie son idole, risquant peut-être de commettre les mêmes erreurs que lui. L’orgueil empêche parfois de prendre en compte de réelles menaces. Or, les humains ont trouvé de quoi combattre les Styx…

Thesaïs est née durant le pire hiver que les siens connurent. Pourtant, elle n’en souffrit pas puisque leur cachette les en protégeait tous. Non, au contraire, Thesaïs grandit dans un foyer aimant quoique déjà manipulé par la politique royale. La rancœur de vivre cachés, comme des rats, était pour sa famille un poison qui coulait dans ses veines. Il fallait dire qu’on leur avait bien appris à haïr ces êtres faibles qui un jour les avait repoussé de la sorte. Mais leur Roi Vengeur avait pris le pouvoir et les choses allaient changer. Comme toutes les petites filles, Thesaïs fut envoyée à l’entraînement. Si un jour, dans sa lointaine enfance, elle s’était montrée douce, compréhensive et pleine de vie, on lui forgea un nouveau caractère. On lui apprit ce qu’était être cruelle, sans aucune pitié, sans aucun remord, sans aucun regret, sans sentiments humains. Ces sentiments, ils les avaient mené là: une vie de nuit perpétuelle. Ils avaient été trop bons envers ceux qui étaient plus faibles et ils en avaient vu le remerciement. Le temps était venu de leur prouver qu’ils avaient fait une bien belle erreur. Oui, ils paieraient pour le crime de leurs ancêtres. Comme toutes les femmes, elle fut entraînée à utiliser les pouvoirs de son esprit plus qu’à combattre physiquement. On laissait encore cette violence aux hommes. Bien sûr, elle saurait manier une arme en cas de besoin, mais l’objectif de son sexe était d’affaiblir mentalement l’ennemi.
Un avenir plein de sang et de batailles lui était ainsi promis et elle s’en satisfaisait. Haineuse, elle n’attendait qu’avec impatience le jour où elle ferait couler douloureusement le sang de ces hommes. A moins que l’amour ne s’en mêle…
Un coup de foudre. Un simple coup de foudre pour un hoplite mais pas n’importe lequel puisqu’il s’agissait de son capitaine. Nul doute que ces deux là se plaisaient. Ils se tournèrent autour quelques temps, tentèrent de lutter contre ces sentiments mais tout le monde voyait bien qu’ils étaient de plus en plus incapables de les combattre. Ils tentèrent de se séparer, le capitaine demandant à s’occuper d’une autre équipe mais même là, rien ne sembla changer. Pire, ils faisaient tout pour se croiser. C’était qu’ils avaient un peu oublié qu’aimer n’était pas interdit. Les Styx peuvent s’aimer. En revanche, ils ne pouvaient aimer un être humain. Ce fut nul autre qu’Ades qui le leur rappela, leur Général. Ils s’abandonnèrent alors ensemble, décidant de s’installer et de fonder lelur famille après la guerre. Oui mais voilà… Il n’était pas prévu que ce fiancé ne meure. Pourtant, c’est un cadavre qu’on lui ramena lors du 12ème jour de l’attaque. Effondrée, Thesaïs a traversé une période sombre. Ces humains allaient donc payer pour avoir réduit sa vie à néant. Il n’y avait plus de mot pour décrire sa haine…

Porter le nom d’un héros peut être un fardeau. Pourtant, Hercule ne le considère pas comme tel. Certes, ses parents ont choisi un héros antique, espérant probablement qu’il soit aussi fort physiquement que ne l’était le veritable Hercule mais il ne fallait pas oublié la fin tragique de ce héros. Qu’importe, il ne serait jamais atteint de la même folie meurtrière. La sienne ne serait dirigée que vers l’ennemi.
Pourtant, le petit garçon s’est très vite fait remarquer durant son entraînement : d’une famille robuste, il était effectivement un peu plus fort que la moyenne. Pas de beaucoup, ce n’était vraiment pas digne du vrai Hercule mais au moins il portait bien son nom. Non parce que vous imaginez vous, un gringalet avec ce prénom ? Ridicule. Eh bien lui, au moins, ne l’était pas. Aujourd’hui, il commande en tant que capitaine une cinquantaine d’hoplites. Admiré et aimé de ses soldats, il est connu pour être assez juste. Bien sûr, ce n’est pas parce qu’il est enclin à profiter de la vie que l’on fait n’importe quoi sous son commandement. Comme tout Styx qui se respecte, il mène ses troupes d’une main de fer. Mais la vie est tout de même plus douce à ses côtés : il ne base pas son pouvoir sur la crainte mais sur son charisme. C’est d’après lui le meilleur moyen d’obtenir tout ce que l’on veut de ces hommes et de ces femmes. Il n’a pas la langue dans sa poche et n’hésite pas à dire ce qu’il pense, y compris à ses supérieurs. S’il a pu avoir quelques soucis avec ce petit défaut, cela ne l’empêche pas d’être reconnu. Au moins, on sait à quoi s’attendre avec lui.
Brave, voire inconscient selon certains, il s’est aussi fait connaître pour courir dans les premières lignes lors de la guerre. Il n’a peur de rien et son exemple est le meilleur que l’on puisse trouver dans les contrées qui désormais appartiennent aux siens.
Toujours célibataire, il n’a jamais pu fonder de famille afin de pérenniser son nom. Peut-être un regret. Mais il n’est pas trop tard. Encore faut-il trouver une Styx qui ne soit pas de celles qu’il déteste le plus. Les moins farouches sont normalement celles qu’il privilégie, celles un peu laissées pour compte car jugée encore trop tendres. Lui, il donne toujours la chance au sien de prouver leur valeur. L’une d’elle saura peut-être lui montrer qu’elle peut être insensible sur un champ de bataille mais douce dans l’intimité.